Cet ouvrage n’a pas vocation à présenter un panorama complet des réalisations et des utopies architecturales que le bois lamellé a rendu possible. Néanmoins, l’approche historique et l’analyse des différents leviers qui ont impulsé le développement de cette solution en France ont nettement fait ressortir une singularité française qui repose sur un lien tout particulier du bois lamellé avec l’architecture. Un lien étroit, qui trouve ses racines dans le sens que revêt la « Charpente » en France :

« Te parant de la seule vertu, Charpente, tu es l’architecture tout entière » (prologue d’Histoire des Charpentiers, d’Antoine Moles). Un lien revendiqué avec tant de ferveur ne pouvait être ignoré dans ce manuel.

Héritières légitimes d’un millénaire d’histoire et de réalisations, l’industrie et la construction en bois lamellé se sont nourries de cette culture. En résulte un matériau qui, à l’inverse des autres mouvances européennes, ne s’est pas contenté de volumes et de productions rationalisées. Outre la poutre droite, la France s’est fait le chantre du sur-mesure… Se plaçant au service de la bel ouvrage et offrant à l’architecture une matière qui se plie à ses ambitions créatives. Une voie qualitative, pleine d’innovations et d’audace qui serait le propre du bois lamellé français.

Quelques thématiques et typologies de réalisations suivent pour effleurer ce vaste sujet.

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Zénith de Limoges, 2007, BTuA et Atelier 4.

2.1. MATIERE A ARCHITECTURES

Polyvalent, le bois lamellé se présente à la fois comme une solution pragmatique et économique, pour réaliser rapidement des bâtiments de formes courantes, et comme une solution créative, pour concrétiser des ouvrages hors du commun. Dans un cas comme dans l’autre, ce matériau de structure se distingue par des caractéristiques qui font sa force : une grande flexibilité de forme, une solidité éprouvée, une légèreté peu commune, et en conséquence, la possibilité d’importants franchissements. Avec le bois lamellé, technique et performance se mettent au service de l’architecture.

Les composants de structure en bois lamellé se déclinent le plus communément en deux types de forme : des poutres rondes ou des poutres parallélépipédiques, avec une possibilité intermédiaire ovoïde. Outre les variations de forme des éléments euxmêmes, les poutres de bois lamellé permettent différents systèmes (depuis les poutres et portiques, jusqu’aux arcs et systèmes tridimensionnels). Cette diversité aboutit à une multitude de solutions au service de la forme.

Cette diversité des éléments combinée à l’exceptionnelle longueur de portée du lamellé (jusqu’à 40 mètres pour des chantiers courants et au-delà de 100 mètres pour des chantiers exceptionnels) autorise des dessins d’ouvrages aux formes multiples, souples et originales. Ici, non seulement les volumes laissent place à la créativité, mais la structure devient un véritable spectacle.

La mixité est une autre piste, largement empruntée, qui ouvre de belles perspectives, tant sur le plan architectural que sur le plan industriel. Le bois lamellé se marie adroitement à d’autres matériaux, tels le béton, l’acier ou encore le verre. Ces alliances ouvrent de nouvelles voies esthétiques. Mais, au-delà de l’aspect, la mixité offre des réponses cohérentes à une approche rationnelle : mutualiser les qualités et performances des différents matériaux pour répondre le plus efficacement possible aux contraintes techniques comme aux enjeux économiques, écologiques, énergétiques et, bien sûr, architecturaux.

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Réhabilitation du NIL, Angoulême, 2014. Architecte : Jean-Marc Beffre

2.1.1. Équipement de la ville et des territoires

La ville d’aujourd’hui - et plus encore celle de demain - amorce un tournant décisif. Contrainte d’accueillir une population en constante augmentation, elle doit également répondre urgemment à des problématiques essentielles, telle la diminution des consommations énergétiques, la lutte contre le réchauffement climatique ou encore le développement d’un mieux vivre en zone urbaine.

Le bois lamellé apporte à la ville des réponses à la hauteur de ses ambitions en matière de densité, d’environnement et de projet de société. Puits de carbone, filière sèche, préfabrication, mixité, créativité architecturale, démarche design… les arguments sont légion et les exemples poussent comme autant d’arbres en France, en Europe et dans le monde.

Construction verticale, d’un côté, avec des immeubles en bois de 3, 10, 14, 18 étages, permettant de répondre au besoin en logements et en bureaux pour les populations urbaines. Construction horizontale, de l’autre, avec bâtiments culturels, lycées, gares ou aéroports, complexes sportifs, centres commerciaux, ou « logistique du dernier kilomètre »… Le nouveau visage de la ville se dessine avec le bois lamellé.

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Preuve que le bois lamellé est résistant et sécurisant : le centre de secours de Kayserberg, réalisé en 2000.

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En haut : Lycée « Les Eaux Claires » de Grenoble, 2014. Architecte : Véronique Klimine, R2K. Photos : KALICE.
En bas : parc des expositions de Quimper, 2014. Architectes : Philippe Brulé.

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En haut : piscine de Barentin (76) réalisée en bois lamellé en 2014. Architectes : OCTANT.
En bas : Stade Alliance Riviera, à Nice, 2014. La plus grande structure tridimensionnelle jamais conçue pour un bâtiment de ce type. Architecte : Wilmotte & as. . Photos : Milène Servelle et Serge Demailly

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En haut : aérogare de Pamandzy (Mayotte), 2014. Architectes : Atelier REC. Photo : Isabelle Bonillo.
En bas : auvent de la gare de tramway La Haluchère, à Nantes, en 2011. Architectes : groupement SCE, ARDADIS, AUP, Lavigne Cheron

2.1.2. Immeubles de bureaux et logement

Le parti-pris environnemental, l’identité « nature » et la possibilité de se démarquer en toute subtilité sont autant d’arguments qui permettent aujourd’hui au bois lamellé de proposer une nouvelle manière d’envisager le logement ou de valoriser une entreprise à travers son siège ou ses bureaux. Pour toutes ces raisons, le bois lamellé s’impose de plus en plus comme solution pertinente en zones urbaines. S’il autorise toutes les audaces pour véhiculer une identité hors normes, il est tout aussi capable de se faire plus modeste lorsque la rationalité prime.

S’agissant des immeubles de logement, le bois lamellé dispose de caractéristiques mécaniques autorisant la construction verticale, qui peut être « tout bois » ou se prêter aisément à la mixité. Les constructions multi-étages, en moyenne ou grande hauteur, permettent ainsi de résoudre la problématique foncière qui se pose aux centres urbains. Un autre avantage sur ce terrain est la légèreté du matériau combinée à sa préfabrication : en découle la possibilité de construire sur des terrains fragiles ou difficiles d’accès (dents creuses) et d’envisager surélévations ou extensions de bâtiments existants.

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Le projet Tall Wood, envisage la grande hauteur en bois. Architecte : Michaël Green - MGA

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Siège social du groupe BH à La Chaize le Vicomte, 2009, BMT Architectes.

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En haut : Siège du Crédit Agricole Centre-France (Aurillac), 2011. Architectes : AFAA.
En bas : programme « logements + tertiaire », 2013 (Savigny le Temple), JAP Architecture

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En haut : logements + bureaux + commerces Eco-quartier du Viallenc (Aurillac), 2014. Architectes : Atelier Simon Teyssou.
En bas : immeuble de bureaux (R+6) Docks Libres (Marseille), 2015. Architecte : CARTA - Photo : Y Bouvier 

2.1.3. Bâtiments d’activité : industrie, logistique, commerce

Au cours des dernières années, le bois lamellé a su proposer une solution pertinente sur le terrain des bâtiments industriels, des grandes plateformes logistiques et centres commerciaux. Une alternative qui repose sur le principe de préfabrication, donnant lieu à des chantiers secs, donc particulièrement courts... et, en conséquence, économiquement compétitifs. En outre, dans ce type de constructions, les structures en bois lamellé (ou mixtes) sont, la plupart du temps, techniquement simples, apportant des réponses économiquement satisfaisantes.

Ces structures ont d’autres intérêts : tout à fait adaptées aux nouvelles exigences sur le risque sismique, elles disposent aussi d’une excellente capacité à gérer et absorber les efforts et tassements. De même, les bâtiments en bois lamellé répondent parfaitement aux exigences quant à la sécurité incendie et sont en capacité de garantir un temps de résistance et donc une évacuation sereine des établissements recevant du public.

La pertinence de ce matériau en contexte industriel tient, entre autre, à sa résistance toute particulière aux ambiances agressives. Sel, eau de mer, humidité, huiles, hydrocarbures, solvants... une structure en bois lamellé ne pâtît aucunement de tels voisinages.

S’agissant plus spécifiquement des grands centres commerciaux et halles de marchés couverts, le bois lamellé apporte une réponse simple à la question fondamentale de l’activité commerciale : un maximum d’espace. Car il permet de dégager l’espace au sol de toute entrave. Le bois lamellé a affirmé sa position sur ce secteur du fait des garanties qu’il apporte en matière de sécurité en général (notamment sur la question de la sécurité incendie), et plus particulièrement en matière de sécurité sanitaire et d’innocuité.

En plus de quoi, le bois lamellé offre la possibilité d’évolutions ultérieures à coût maîtrisé. Une souplesse qui permet aux petites et moyennes entreprises industrielles d’envisager restructuration ou agrandissements, et éviter ainsi la perspective du déménagement. En outre, le bois lamellé offre un réel confort aux usagers : ambiance, matière, confort thermique, apports optimisés en lumière naturelle font ainsi partie des arguments des bâtiments en bois lamellé. 

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En haut : centre de traitement des déchets (Fos sur Mer), 2010. Architectes : S’PACE architecture.
En bas : marché couvert « La Compagnie des Marchés » (Barjouville). Architecte : Celereau & partners.

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En haut et en bas : Site de production industrielle de la société SMTC (Boufféré), 2013. Architectes : Terre et Ciel. 

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En haut : logements + bureaux + commerces Eco-quartier du Viallenc (Aurillac), 2014. Architectes : Atelier Simon Teyssou.
En bas : immeuble de bureaux (R+6) Docks Libres (Marseille), 2015. Architecte : CARTA - Photo : Y Bouvier